Une année de pratique
s’achève.
Comme tous les ans, le
temps d’un cours où grands et petits se rencontrent pour s'entraîner une dernière fois ensemble.
Nous avons tous appris, les
uns avec les autres, les uns des autres. J’achève en ce qui me concerne ma
quatrième année de pratique. Des réflexes s’installent, des positions, le
mouvement. Mais il y a tant à apprendre.
Le judo est bien un art
martial. Dans l’expression « art martial » on met souvent l’accent
sur l’adjectif, oubliant souvent le nom. Art : un mot de la famille d’artisan,
la définition du CNTRL : Ensemble de moyens, de procédés conscients
par lesquels l'homme tend à une certaine fin, cherche à atteindre un certain
résultat.
Je regardais le go no sen
exécuté par nos deux pratiquants les plus expérimentés, et je me suis fait la
réflexion : oui, il s’agit bien d’un art. Il leur en aura fallu des heures
et des heures de pratiques pour arriver à cette maîtrise. L’œil du
non-pratiquant voit des prises, des chutes plus ou moins spectaculaires.
Un œil exercé verra la
maîtrise, la tranquillité des pratiquants, l’absence de recours à la
précipitation ou à la force, tout ce que permet le savoir faire durement
acquis. Go no sen : l’attaque dans l’attaque, l’idéal de maître Kano qui
avait posé comme principe de base au judo l’utilisation de l’énergie initiée
par l’attaquant. Il n’est pas besoin alors de force, de catégories de poids, de
musculation, il est question ici de vigilance, d’éveil.
Nous ne sommes pas dans
le sport mais dans le domaine de l’art. Combien repartirons pour une année
supplémentaire ? Il y a tellement à désapprendre avant d’apprendre. Ce qui
n’est pas forcément le cas pour les enfants. Je me rends compte qu’au bout de
quatre ans je ne sais toujours pas conserver un contrôle efficace au sol,
certains des plus jeunes y arrivent très bien.
S’achevait aussi le même
soir une année de chorale – à laquelle participe ma fille ‑ , il en a fallu
aussi du temps au maître de chœur pour obtenir cette harmonie et cette joie de
chanter ensemble qu’on sent s’installer au fur et à mesure du concert. Ce sont
ces activités gratuites, où nous nous investissons avec le simple désir de
devenir meilleurs qui nous font hommes.
Le chemin d’Igor Corea
qui a œuvré pour retrouver le sens du ju-do puis le transmettre, simplement
parce qu’il savait que là se trouvait la
juste manière de faire (l’art) est pour nous un exemple. Il ne laisse pas
son nom dans l’histoire du sport, il laisse dans le souvenir de ceux qui l’ont
rencontré et suivi l’image d’un homme juste en perpétuel mouvement, en
perpétuelle recherche.
Du plus petit au plus
grand, ceux qui vont continuer, poursuivent son initiative.
S. L.
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