Perros Guirec. L'engagement bénévole pilier des associations.
Michel Luguern foule ce tatami depuis 1994, pour
inculquer le junomichi à ses élèves. | Anthony Rio |
Samedi, la Ville a distingué
Michel Luguern, dirigeant du judo-club, pour son implication associative, comme
six autres bénévoles. Rencontre au dojo, sa deuxième maison.
« Cette
salle est bien, elle a du charme. C’est une ancienne usine. » Le toit en tôle et les murs bruts rendent
l’ambiance un peu austère lorsque le dojo est vide. Au centre de la salle de la
Brosserie, un grand tatami délavé vert et rouge. Au fond, des cadres dont deux
photos des mentors de Michel Luguern : Jigoro Kano, et son ancien professeur
Igor Corréa Luna. Il crée le club en 1994, trois ans après son arrivée en
provenance de Paris, dans le but poursuivre leur travail autour du
« junomichi ».
Cet art martial de la famille
du judo est « l’étude
des principes d’efficacité à travers la non-opposition. » En somme, la recherche du geste juste et non la
performance sportive. Et c’est ce qu’il inculque ici, aux 80 adhérents de
l’association. « Un
vrai travail de recherche », en parallèle de son
activité de professeur d’EPS au collège des Sept-Îles, jusqu’à sa retraite il y
a trois ans. Il est également membre du bureau de la Fédération internationale
autonome de junomichi.
Une implication récompensée
par la Ville lors de la première édition de « La Vie en roz awards », organisée
samedi.
Un « engagement »
Michel Luguern, ceinture noire
depuis 42 ans, est professeur de junomichi et secrétaire de l’association.
Chaque semaine, il s’y implique bénévolement, « une dizaine d’heures au
minimum. Mais je ne suis pas le seul à donner du temps. On a tout un groupe. » Et les retours ne sont pas financiers. « Il faut un détachement du
rapport à l’argent. En retour de cet investissement, j’ai la poursuite de
l’étude de la pensée de M. Kano, mais aussi des relations
d’amitiés. Des gens qui ont commencé dès la création sont toujours là. »
Un « engagement » chronophage qu’il a longtemps concilié avec son
travail de professeur d’EPS. « Il faut de la compréhension de son cercle privé, car
ça crée des contraintes. Il faut aussi une organisation très précise. » Aujourd’hui retraité de 63 ans, Michel
Luguern ne freine pas. « Dans
une association, on fonctionne dans le présent ou dans un futur proche. C’est
quand on se retourne qu’on voit que ça dure depuis 20 ans. »
La municipalité a mis en
lumière son travail. Mais pas question d’en retirer quelconque gloire
personnelle, « c’est
tout un groupe qui fonctionne », assure-t-il, en saluant
l’initiative de la mairie. « C’est bien de mettre en évidence que des gens
s’investissent et sont capables de donner de leur temps pour qu’une histoire
existe. »
Michel Luguern ne compte pas
s’arrêter en si bon chemin. « Je ne conçois pas l’arrêt, on est en mouvement. Mais
je ne maîtrise pas le destin. » Dès cette semaine il
remet son kimono, avec autant de passion, le plus longtemps possible.
Ouest France, 20/11/2017.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire