jeudi 30 mai 2019

Les voies du Judo à Compains


Passer la Pâques à Compains…
Ce que font tous les ans un groupe de judokas de la FIAJ.
Et cette année encore, le stage de Compains a tenu ses promesses.
C’est Michel Luguern, qui animait la pratique et qui, tenant le fil de ces trois journées, a voulu faire sentir aux judokas la sensation de la continuité du mouvement.
O-uchi-gari : engager la hanche, descendre, accompagner uke dans la chute, maintenir le contrôle tout en s’inscrivant dans un mouvement qui n’a pas de fin. Un contrôle qui est avant tout attention et opportunité dans une action qui n’a de cesse parce qu’elle s’inscrit dans la présence.
Mais engager O-uchi-gari c’est aussi se donner la possibilité de prolonger l’action sur Ippon-seoi nage, s’enrouler dans un vide où uke peut chuter sans rencontrer tori.
La non-opposition comme principe, la volonté, — dans les pas de M. Correa qui lui-même retraçait le chemin de maître Kano qui sans doute avait cherché à synthétiser les bases d’une tradition millénaire —, une foi joyeuse et sans prétention dans cette voie tracée par les grands aînés permettent à tous les pratiquants d’exercer un judo qui tend vers l’efficacité, le mouvement juste.
Il y a quelque chose qui relève de la foi dans cette Pâques à Compains, mais nous ne sommes pas assez sérieux pour nous l’avouer et nous préférons généralement la mauvaise bière aux principes ésotériques, même si cette dernière, déliant les langues ; nous conduit souvent sur les chemins de la philosophie – de comptoir.
L’homme est ainsi fait que pétri de langage, il ne peut s’empêcher de chercher à dire ce qu’il éprouve ou ressent, ce besoin d’idéal qui l’anime.
Mais dans ce petit village perdu d’Auvergne où pour quelques jours nous semblons nous extraire du temps l’essentiel n’est pas dans le discours, il réside dans l’agir.
Quand il s’agit de se quitter, Rudolf Di Stefano, professeur de junomichi à Montreuil conclut en remerciant Michel pour avoir su manifester la profonde unité qui existe entre les différents exercices que propose la pratique du judo : des techniques utilisées au sol à celles dont on use en randori debout, de l’uchi-komi au randori en passant par le kata qui les englobe les précédents tout en les déclinant.
A la suite de Maître Kano, de M. Corréa, de Michel, le judo m’apparaît bien comme ce chemin, cette voie (do), qu’une vie passée à le parcourir ne saurait épuiser.

S. Labbe

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